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LA FRACTURE



Une bonne nouvelle pour commencer : le traité anglo-mauricien du retour des Chagos à Maurice. Soixante ans d’une action persévérante du petit peuple des Chagos est en train d’aboutir. Nos frères chagossiens peuvent sérieusement envisager de retourner au pays et disposer de moyens de lui redonner de la vie. Quelle leçon ! Une action entamée dans l’indifférence sinon l’opposition des Grands, de l’officiel mauricien lui-même un moment, a fini par aboutir. Qui nous dit que « le peuple » n’existe pas et qu’il n’a pas de pouvoir ? Petit peuple modeste, le Peuple Chagossien a eu la chance de ne pas avoir à user de la violence. Il a dû mobiliser les grandes organisations, juridictions et diplomaties internationales, conduire une action pacifique à partir du droit. Et il a gagné. Cela est encore une leçon.


N° 273

La paix en Ukraine n’est toujours pas gagnée. La profusion d’informations avec leur contingent de fausses nouvelles, de passions partisanes et de manipulations des pouvoirs, ne facilitent pas les artisans de paix. Pendant ce temps, des populations entières sont toujours victimes des bombes et des canons. Pour l’Ukraine qui fait l’objet de la une des journaux, que de peuples qui souffrent de guerres qui ne disent pas leur nom !  

Qu’elle soit mondiale, régionale ou civile, la guerre est toujours le résultat d’injustices diverses et variées. Si tu veux la guerre, multiplie les injustices.  « Si tu veux la paix, prépare la guerre » dit le proverbe : prépare-toi à être le plus fort pour imposer ta loi. Le monde de la guerre n’est pas le monde du dialogue pour trouver des solutions communes, mais le monde de la volonté du plus fort pour imposer ses solutions. Le problème est qu’en face du fauteur de guerre qui s’arme, il faut  s’armer pour se défendre. La parole est alors aux armes, c’est-à-dire à la guerre.

« La justice et la paix s’embrassent ». Et la justice ne peut pas venir des Grands. La justice et la paix ne peuvent commencer que par la paix de chacune et de chacun avec soi, puis progressivement, par la paix des habitants d’un quartier, d’un pays, d’une nation. Si nous voulons la paix en Ukraine, à Gaza, au Soudan, et partout ailleurs, nous avons entre autres devoirs, celui de commencer à réunir les conditions de la paix chez nous. 

La première condition pour la paix, c’est la justice ; la première condition pour  la justice, c’est le dialogue ; la première condition pour le dialogue, c’est la rencontre. Pour faire avancer la justice et la paix à la Réunion, nous devons nous rencontrer pour dialoguer. La diversité et les divisions sont naturelles dans toute société, La Réunion ne fait pas exception à la règle. Mais ni la diversité, ni les divisions ne doivent empêcher la rencontre et le dialogue.


La rencontre et le dialogue paraissent impossibles ici parce que, compte tenu de notre Histoire, la société réunionnaise n’est pas seulement divisée, elle vit une fracture qui engendre deux sociétés : une société intégrée dans le système officiel et une société qui ne l’est pas. Cette situation date des origines de notre Histoire. Le marronnage a été la manifestation la plus visible de ce dédoublement, mais le Code Noir n’a pas été respecté dans la bonne société lui non plus.
En effet, la fracture ne dédouble pas l’ensemble de la société en deux blocs, elle traverse les classes sociales, les partis, les familles, les individus. L’économie parallèle, le nombre de compatriotes qui vivent hors la loi, de ses contraintes et de ses avantages, les affaires qui occupent les tribunaux dont notre île détiendrait les records nationaux, sont les témoins contemporains de cette situation.

Ce dédoublement se vit dans la cordialité du « oui la poin bataï » autant que  dans la frustration, le ressentiment et la haine.
Dans un cas comme dans  l’autre, il n’y a pas de dialogue. Il n’y a pas de construction d’un monde de paix, d’un monde tout court. Les petits arrangements de ce que Marcel Vauthier appelait « le bongarçonisme » ne fait pas la paix. Ce sont des alibis. 

« Le projet d’un Peuple » veut mettre fin aux fractures qui nous empêchent de faire peuple. Il veut construire l’unité réunionnaise dans la justice, pour la paix, provoquer pour cela la rencontre et le dialogue entre Réunionnais. 

On aurait trouvé cette vision « vergessiste ». A Dieu ne plaise ! cette vision n’est pas plus « vergessiste » qu’elle ne serait « debréiste » ou de tout autre parrain. Elle veut être résolument réunionnaise. C’est pour cela que l’ébauche des « FONDAMENTAUX POUR LA REUNION» circule dans le pays pour que n’importe quel Réunionnais puisse en prendre connaissance, corriger, compléter ; c’est pour cela que le texte ainsi amendé sera soumis à la prochaine « réunion locale » pour la rédaction d’un texte définitif ; c’est pour cela que ce dernier fera l’objet d’un REFERENDUM LOCAL pour être validé par le peuple.


La question n’est pas de savoir si LES FONDAMENTAUX POUR LA REUNION seront « debréistes », « vergessistes » ou de tout autre « papa », mais, résolument, de savoir si nous autres, Réunionnaises et Réunionnais, Peuple Réunionnais, au-delà de nos différences et de nos oppositions, nous sommes  capables de produire les fondamentaux d’une Réunion une, identifiée, reconnue et responsable, d’une Réunion qui dit qui elle est, qui sait ce qu’elle veut et qui se met au travail. 
Paul HOARAU






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